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Du tertre à la source

Lors de mon voyage en Angleterre et au Pays de Galles, j’ai pu visiter plusieurs lieux très forts, notamment des sources sacrées mais aussi des tertres (et structures souterraines assimilées, comme le fogou). Honnêtement, je n’avais encore jamais eu la chance de découvrir de tels lieux. Une chose cependant m’a étonné : je ne m’attendais pas à ce que les sources soient sous terre, je pensais qu’elles émergeaient simplement au niveau du sol. Qu’il s’agisse de la source de Sancreed, de celle de Carn Euny, du White Spring au cœur du Tor ou encore de la source cachée de Castell Carreg Cennen, toutes vous demanderont de plonger dans l’obscurité. Pour certaines il suffit de descendre quelques marches dans l’ombre, pour d’autres ce sont de véritables grottes et labyrinthes menant au cœur de la terre.


Il y a quelque temps, voilà qu’au fil de mes lectures je tombe sur un débat intéressant parmi les historiens et linguistes : le terme « pui » provenant de l’ancien français peut à la fois désigner un tertre, une colline, et à la fois une source, une fontaine naturelle. Ce terme formera ensuite nos actuels « puy » (Puy de Dôme…) et « puits » à eau. Il n’existe pas de consensus parmi les spécialistes et beaucoup utilisent l’erreur scribale pour rejeter l’une ou l’autre des traductions. Étant donné mes recherches actuelles, cette ambiguïté du mot « pui » m’a de suite renvoyé au poème arthurien « l’Élucidation », poème étiologique de la table ronde, de la quête du Graal, de la terre désolée, etc. Un récit qui met en lumière les fameuses « Demoiselles des Sources », leurs pouvoirs, leurs mésaventures. Mais alors, est-ce réellement les Demoiselles des « Sources » ? Des « Tertres » ? La question reste ouverte. Mais en fin de compte… Est-ce important ?


À l’inverse des historiens et linguistes dont la pensée semble très binaire, je vois les deux possibilités coexister. Là où ils voient une erreur de copie, je vois le génie poétique de l’auteur, en parfaite connaissance de son sujet, ainsi que la dimension initiatique qu’il cache entre ses lignes. Les sources, tout comme les tertres, sont des lieux liminaux analogues, et parmi les plus anciennement révérés dans l’histoire de l’humanité. Ce sont des lieux d’initiation, de guérison, de divination. Ce sont des lieux de vie et de mort. De souveraineté. De rituel. De communication avec l’autre monde. Ce sont des seuils. Et ces demoiselles de l’autre monde en sont les gardiennes, les médiatrices.


Il est donc très intéressant de constater cette (con)fusion entre source et tertre, même sur une photographie, même en visisant le lieu. Tant leur forme, que leur dénomination, énergies et usages semblent liés. Il émane une poésie indicible entre les sources sacrées et les tertres féériques. Je n’ai pas de conclusion à apporter pour l’instant à ce propos. Mais si ces sujets vous intéressent, j’espère que ces mots seront l’amorce d’un fil passionnant à remonter…

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