J'ai décidé de ne plus proposer d'actions commerciales à l'occasion des sabbats et célébrations païennes. Je t'explique pourquoi.
Attention, ce n'est pas une critique envers ceux qui continuent à le faire. Je vous explique seulement mon choix et la réflexion qui en découle. Artistes, artisans ou prestataires de services, nous avons déjà tous profité d'une fête sorcière pour proposer un code promo et générer des ventes. Je l'ai déjà fait. Mais depuis quelques mois, je me questionne sur la dynamique et les valeurs que cela tend à mettre en place.
En tant qu'entreprise, je me tire peut-être une balle dans le pied. Mais je pense que c'est important. Pas de "business is business" ici, ni de "il faut bien vivre". Il y a des manières de faire... Ma question était la suivante. Parce ce type d'actions, est-ce que je ne tendrais pas vers une capitalisation, involontaire, de ces célébrations ? L'énergie et le cœur de ces fêtes ne se trouvent-ils pas noyés dans un marché de consommation, de FOMO (peur de rater une occasion) ?
Ces questions m'ont durement heurté lors du dernier Samhain, où j'ai vu Instagram être saturé de propositions commerciales, comme si c’était le black friday de la sphère éso. Peut-être pensez-vous "au contraire, proposer des actions commerciales de ce type est plutôt un cadeau pour nous, païens/sorcières, et tend à marquer ces célébrations". Ou quelque chose du type. Je ne suis pas de cet avis. Pour la simple et bonne raison que le cœur de ces célébrations, ce n'est pas l'humain. Ce ne sont pas les païens ou sorcières que nous célébrons à ces occasions. C'est l'autre monde. C'est les esprits. C'est la nature. C'est le subtil.
Encore une fois, je l'ai déjà fait, et je comprends. Mais c'est quelque chose que je ne veux plus perpétrer. Par éthique et respect, tout d'abord, pour ces traditions. Pour ces temps forts. Pour le cycle. Pour les esprits. Pour la nature. Mais aussi pour moi, très égoïstement. Soyons honnête, qui a le temps de s'imprégner et de célébrer dignement un sabbat lorsqu'il/elle a 50 commandes à préparer en plus du boulot et de la vie quotidienne ? J'aspire à me libérer du temps de qualité pour ces moments de liminalité, sans m'alourdir d'une charge mentale liée à l'entreprise.
- Point de nuance -
Je parle ici des actions purement commerciales. Je ne vois pas de problème, par exemple, à inaugurer une nouvelle gamme lors d'une date importante, qui fait sens. Je comprends et partage tout à fait la volonté d'inscrire énergétiquement certaines créations dans un paradigme temporel précis, en lien avec le cycle naturel ou autre. C’est d’ailleurs le cas de mes produits saisonniers.
De même, j'entends tout à fait qu'il est raisonnable et juste de faire des propositions thématiques de nos créations, ou bien des guides de produits alignés avec les énergies du moment. Mais la démarche est importante. Si elle est agressive, qu'elle joue sur la FOMO ou bien ce genre de dynamique, je ne trouve pas ça juste. En revanche, c'est différent de proposer, à l'avance, sans jouer sur l'urgence, la peur, la nécessité, une sélection adaptée. Et j'insiste sur le terme de proposition.
Certains d'entre vous ne verront peut-être pas la nuance que je souhaite mettre en relief à travers mes propos. Mais pour moi c'est beaucoup. Je vois une énorme différence entre proposer, et exploiter. Il y a un monde entre mettre en avant un esprit, une dynamique ou une pratique qui s'inscrit à cet instant du cycle, ou juste se faire de l'argent. Pour réussir à jauger la justesse de ces partages, je me pose les questions suivantes : Qui rayonne réellement à travers ? Quelle dynamique j'alimente ? Est-ce que je propose, ou bien je profite ?
Les professionnels du monde éso se situent naturellement sur une corde raide, où il peut être très facile de basculer dans l'exploitation de l'autre monde, de l'invisible. C'est une discipline à maintenir chaque jour. Mais je pense qu'il est possible d'être une entreprise dans le milieu éso tout en conservant justesse et respect. Et j'espère bien en faire partie !
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