IMAGINATION OU VOYAGE ?
C’est une des questions les plus courantes. Je pense que la meilleure astuce pour déceler l’imaginaire d’un réel voyage, c’est l’intervention du mental dans le processus. Lors d’un voyage, rien n’est contrôlé. Les images se présentent d’elles-mêmes sans avoir à réfléchir, à penser, à être logiques. Vous restez maître de vos actions, mais ce qui vous entoure vous échappe, et vous ne pouvez le prédire. Cela peut paraître subtile comme distinction, mais en prêtant attention à ces éléments, il est facile de ressentir si on voyage, ou bien si on imagine. Et si jamais vous êtes partis dans l’imaginaire, ce n’est pas la fin du monde non plus. Il suffit d’en prendre conscience et de recommencer la pratique.
Pour les personnes qui se retrouvent confrontées à ce genre de problématique, je pense qu’il peut être intéressant aussi de tenter de voyager sans aucun objectif (type rencontrer tel esprit, arriver à faire telle action, etc), ainsi, cela évitera toute projection, intervention du mental et pression de réussir. Vous serez plus à même de simplement vivre l’expérience et voir ce qui se présente à vous. Comme je le dis souvent, un chemin se trace en marchant régulièrement. Avec une pratique quotidienne, cela deviendra de plus en plus fluide.
Gardez à l’esprit également que l’autre monde peut avoir recours à l’imaginal, ce qui est très différent de l’imaginaire. L’imaginal relève plus d’une utilisation d’éléments symboliques pour mieux communiquer. L’imaginal n’invalide pas votre expérience, il s’agit plutôt d’un langage archétypal ou bien d’un codage pour rendre les choses plus intelligibles pour la personne.
L’Absinthe est la meilleure candidate pour aider à surmonter ce type de blocage. N’hésitez pas à jeter un œil à son élixir floral « Feu Follet » ainsi qu’à son baume-esprit.
JE VOYAGE MAIS JE N’AI AUCUN SOUVENIR !
Pas de panique, la perte de mémoire est un symptôme universel du voyage dans l’autre monde, en témoigne le folklore. Au sein de l’autre monde, nous sommes soumis à des lois très différentes du notre, tant en termes d’espace, que de temps, de communication, de perception, etc. Autant de données que notre cerveau rationnel ne sait pas traiter à notre réveil donc… il censure. C’est également un phénomène de protection de l’autre monde.
Mais difficile de travailler avec les esprits si on ne se souvient pas de leurs rencontres, leurs messages ! Encore un délicieux paradoxe de l’autre monde. De mon côté, pour pallier ces soucis de mémoire, je prends des notes à peine revenue. Sans chercher à ce que ça soit cohérent, poétique, ou esthétique. J’écris tout ce dont je me souviens, de la manière dont ça me vient. Parfois, j’ai des réminiscences les jours d’après également. Ce n’est pas grave d’oublier les petits détails tant que vous avez l’essence de votre voyage.
Certaines personnes arrivent à voyager en gardant une semi-conscience de leur corps, ce qui leur permet de prendre des notes manuscrites en même temps. D’autres, c’est mon cas, arrivent à « saccader » leur voyage, faisant des allers-retour très réguliers entre les mondes pour prendre des notes au fur et à mesure.
Il arrive également d’avoir des black-out complets. Je pense que c’est parce que les messages perçus doivent parfois rester dans le subconscient pour se distiller petit à petit au fil de notre cheminement… Parfois, cet oubli est une sorte de test également, de nos intentions, de notre engagement envers l’autre monde. Pour travailler sa mémoire de l’autre monde, je vous invite à guetter l’arrivée de mon nouvel élixir floral « Bois de Fay » lors de la mise à jour du 10 juillet. Il répond parfaitement à cette problématique.
JE N’ARRIVE PAS À APAISER MON MENTAL...
C’est le principal challenge de cette pratique. Tout d’abord, sortez-vous de l’esprit les injonctions du type « faites le vide dans votre esprit », « ne pensez plus à rien », « installez le silence en vous ». Ce n’est pas possible, et cela peut vite devenir frustrant. Pour préparer votre mental à la pratique de vol, il ne s'agit pas de l’éteindre, mais de ne plus dialoguer avec lui. Au début de votre pratique, lorsque vous êtes encore dans un état méditatif, n’essayez pas de le faire taire, laissez plutôt couler les pensées qui peuvent vous traverser. N’essayez pas de leur faire barrage, laissez les entrer, puis sortir. N’hésitez pas à visualiser vos pensées comme un écoulement qui ne fait que passer. L’important est de ne pas s’arrêter pour y répondre.
D’autre part, il existe deux petits exercices que j’aime faire lorsque je sens mon mental trop agité pour réussir à pratiquer : le balayage corporel et la visualisation sensitive. Ces pratiques très simples visent à faire ralentir le mental et à amener plus de conscience dans les ressentis, ce qui servira par la suite, une fois de l’autre côté.
Le balayage corporel consiste à passer en revue, très lentement, chaque partie de son corps, l’une après l’autre. En général, on commence avec les orteils, puis le pied, le bas de la jambe, la cuisse, le bassin, etc. L’idée est de porter une attention sur les sensations de chacune de ces parties. Douleur, confort, chaud, froid, tension, picotements, etc. Votre mental sera obligé de ralentir lors de cet exercice et de se reconnecter au rythme de votre corps.
La visualisation sensitive consiste à aiguiser chacun des cinq sens. En général, je suis le schéma suivant : une fleur, un son, un parfum, une texture, une saveur. Commencez à visualiser une fleur par exemple, peu importe laquelle, peu importe qu’elle existe ou non. Visualisez sa forme, sa couleur. Vous pouvez même faire varier sa couleur. Continuez l’exercice avec les autres sens, même si le terme de visualisation paraît étrange. Entendez un son, une cloche par exemple. Sentez le parfum de votre fleur. Il ne s’agit pas tant d’effectuer le geste, ou une mimique de celui-ci, mais bien d’activer le sens de l’odorat. Avec ce petit exercice, vous pourrez continuer à apaiser votre mental tout en préparant vos perceptions pour votre voyage.
Il y a plusieurs alliés végétaux qui peuvent aider à apaiser le mental. Je recommande particulièrement le baume-esprit de Brugmansia. Sinon, vous pouvez jeter un œil à celui de Sureau, ou encore à mes élixirs floraux « Sommeil des Dieux » et « Opium Charnel ». De manière générale, les plantes aphrodisiaques sont de bonnes compagnes.
COMMENT S’ISOLER DU BRUIT ?
Il s’agit de faire la même gymnastique avec notre ouïe qu’avec notre mental (voir ci-dessus). Vous ne pouvez pas simplement ne plus entendre les bruits de votre entourage. En revanche, vous pouvez vous exercer pour que ces bruits n’aient plus d’accroche sur vous, qu’ils ne fassent que vous traverser. Moi-même, en campagne, je suis toujours sujette à des perturbations : trafic, maison qui craque, avion de chasse, faune, météo, passants… À moins de posséder un caisson de privation sensorielle, il va falloir faire avec ! Mon conseil est de prendre le temps de rendre ces bruits « familiers » avant la pratique de vol, afin de ne pas sursauter, ni qu’ils happent votre attention. Prenez quelques minutes pour écouter, identifier, voire imaginer les bruits qui vous entourent, ou qui pourraient subvenir. L’idée est de finir par les considérer comme un bruit blanc. Encore une fois, lors de votre pratique, n’accordez pas d’importance à ces bruits, laissez-les s’écouler.
Si cela est confortable pour vous, vous pouvez tout à fait mettre un fond musical qui absorbera une partie des bruits de votre environnement, surtout si vous utilisez un casque ou des écouteurs. Mes artistes préférées pour accompagner ma pratique, testées et approuvées depuis des années : Anilah et Chthonia.
Plus globalement, je pense qu’il faut se sortir de l’esprit cette image du corps endormi de la sorcière, anesthésié, qui ne perçoit rien et que rien ne peut déranger lorsqu’elle vole. Votre corps restera toujours éveillé en quelque sorte, c’est votre conscience qui sera ailleurs, votre esprit. C’est bien pour cela que la sorcière à plusieurs « peaux », car notre enveloppe charnelle n’est pas apte à franchir le seuil de l’autre monde, les peaux oui. Si la question des peaux vous intéresse, le baume-esprit du Datura stramoine est fait pour vous.
IL EST DIFFICILE DE GÉRER LE RETOUR...
Selon l’intensité et surtout la durée du voyage, il peut être long de pleinement revenir à soi. Après avoir clôturé votre pratique et pris des notes de votre voyage, la meilleure chose à faire est de manger, boire. Il s’agit du meilleur des ancrages. Cela permet de stimuler toutes les fonctions du corps et d’y ramener votre conscience. Vous pouvez également vous masser ou frotter le corps afin de vous réapproprier votre enveloppe charnelle.
Je déconseille seulement de retourner trop brutalement au monde profane. Par exemple, évitez de vous retrouver cinq minutes après en soirée, repas de famille, ou autre. Je trouve que cela tend plus à amplifier la dissonance entre les mondes qu’à réintégrer le nôtre. Ainsi, cela peut provoquer tout un panel d’émotions inconfortables : agressivité, irritabilité, sentiment fort de mélancolie, de ne pas être à sa place, d’incompréhension de ce monde, etc. De même, aller se coucher juste après peut confondre votre esprit, qui reste entre deux états. Ménagez vous plutôt un temps doux, selon ce qui vous parle le plus : self-care, série TV, balade… Je conseille de se rapprocher de plantes vivifiantes et rafraîchissantes pour accompagner ce retour à soi. Personnellement, j’aime beaucoup la menthe, la mélisse et le basilic.
JE SUIS SOUVENT DÉCONCENTRÉ.E
Encore ce bon vieux mental qui nous joue des tours ! C’est normal d’avoir des pensées intrusives, il ne faut juste pas focaliser dessus. Le cerveau reste un muscle, et comme tout muscle, lorsqu’il s’assoupit, il lui arrive de faire des soubresauts. Je considère ces pensées intrusives un peu comme ces mouvements involontaires du corps lorsque l’on s’endort. En soit, juste une façon de vérifier que la communication n’est pas rompue…
Donc on en revient encore à notre gymnastique évoquée précédemment : laissez ces pensées s’écouler, sans les arrêter. Petit exemple : en plein voyage, voilà que pop dans mon esprit le fait que je dois aller faire des courses. Très bien. Au lieu de commencer à élaborer dans ma tête la liste de ce que je dois acheter et céder du terrain à cette tentative de déconcentration, je lui lâche mon plus beau « vu ». Je ne me dis pas non plus « oh mon dieu il ne faut surtout pas que je pense à ça » car ça reviendrait au même. L’idée est de ne pas provoquer de réaction justement. Plus vous pratiquerez, moins vous serez confronté à ce genre de perturbation. Encore une fois, un chemin se trace en marchant.
Les plantes qualifiées d’« herbes à rêves » sont indiquées face à cet obstacle, comme mon baume-esprit d’Armoise.
PARFOIS JE M’ENDORS...
Là, ça dépend de votre pratique. Est-ce que l’endormissement est provoqué par la fatigue, le manque d’attention ? Ou bien est-ce simplement une extension de votre pratique de vol ? Si c’est une question de fatigue, il peut être intéressant de choisir de pratiquer à d’autres moments que le soir, ou bien d’effectuer des voyages plus courts. Si cela relève plutôt d'un manque d’attention, j’aborde le sujet dans la problématique suivante.
D’autre part, de très nombreuses personnes possèdent un canal onirique fort et sont beaucoup plus à l’aise ainsi. Cela peut alors être intéressant de creuser le sujet, notamment avec un accompagnement de l’esprit du Pavot et/ou de l’Absinthe.
JE N’ARRIVE PAS À TENIR LE RYTHME
C’est quelque chose de récurrent et certains esprits sont tellement « ramifiés » que c’est dur de suivre. Ça m’arrive avec la Belladone ou bien avec les champignons. Ils sont tellement étendus et connectés que ça me fait le même effet que de zapper très vite, sans interruption, sur toutes les chaînes TV. L’impression de se faire bombarder d’images. De ce fait, on peut facilement oublier, décrocher ou ne pas comprendre les messages.
Il y a plusieurs choses à considérer. Déjà, avec la pratique, cela se stabilise. Ensuite, si c’est certains esprits en particulier qui provoquent ce genre de voyage trop intense, il ne faut pas hésiter à leur notifier ou bien à communiquer avec eux par une mancie plutôt que le voyage. Quant à la perte d’attention ou bien de conscience cela peut avoir de multiples causes : vouloir aller trop vite, manquer d’assise, ne pas être dans les bonnes dispositions, laisser trop de place au mental, etc… De mon expérience, le baume-esprit de Brugmansia est d’un bon soutien face à la déconcentration car il est très stable. Il permet ainsi des voyages plus longs, plus lents, posés et d’être moins sensibles aux perturbations du mental ou sa tendance à vagabonder. De même pour le baume-esprit de Datura sacré, qui engage à plus d’assise et d’incarnation.
J’AI PEUR DE ME PERDRE OU D’ÊTRE ATTAQUÉ.E
Pour ce qui est de se perdre, il ne faut pas hésiter à faire de courts voyages au début, sans aller trop loin. Ce que vous pouvez éventuellement faire, c’est mettre un réveil sur votre téléphone afin de vous ramener dans le monde profane. Vous n’en aurez certainement pas besoin mais cela peut être une sécurité qui apaisera votre mental. Ensuite, je n’adhère personnellement pas à la croyance du « fil d’âme », c’est à dire que je ne pense pas qu’il soit possible de se perdre dans l’autre monde et de ne pas être capable de retourner dans son corps. Mais comme c’est une peur tout à fait légitime, je pense que des exercices de sortie/entrée de corps peuvent être intéressants ! Il s’agit de se décorporer, sans pour autant s’éloigner, de manière à s’habituer aux sensations d’entrée, de sortie, et faire de ce processus un automatisme. Si cela est compliqué au début, commencez simplement par de la visualisation et vous verrez que celle-ci sera bientôt une porte vers l’envol (j’en parle dans un précédent post intitulé « Hedge-crossing 101 »).
Par exemple, allongez-vous sur votre lit et visualisez-vous ainsi. Regardez-vous depuis l’extérieur de votre corps. Votre position, mais aussi la pièce dans laquelle vous êtes. Vous pouvez même vous hasarder à parcourir votre foyer, toujours avec ce double spirituel. Si vous vous sentez à l’aise, vous pouvez tester les lois de cet autre monde, où vous n’aurez aucun mal à traverser vos murs pour vous élever au-dessus de votre foyer et contempler votre environnement depuis là-haut. Puis retournez dans votre corps, en faisant le chemin inverse, tout simplement. Notez les sensations qui vous traversent à chaque sortie/entrée de corps, cela vous permettra de les provoquer plus facilement par la suite. Vous pouvez répéter ce genre d’exercice régulièrement, en bâtissant votre confiance au fur et à mesure, et pourquoi pas en vous éloignant petit à petit de votre foyer. Pour ce qui est d’être attaqué.e, cela peut bien entendu arriver mais c’est loin d’être courant à moins d’avoir un comportement déplacé envers les esprits rencontrés. Quoiqu’il en soit le mieux est de s’entourer d’alliés qui sauront vous protéger et/ou se confectionner un talisman à cet effet.
Je ne peux que trop recommander le baume-esprit de Tabac qui est un puissant apotropaïque. Mon nouvel élixir floral « Nemeton » à paraître le 10 juillet serait également un bon allié. Et pour approfondir la question des peurs, un bout de chemin avec le Datura stramoine et son élixir floral « Pomme Épineuse » n’est pas négligeable.
Mais il est rare de se retrouver seul.e lors d’un voyage, car même si c’est nous qui l’amorçons, il est très souvent drivé par nos alliés, qui nous protègent au passage. Vous pouvez également développer plusieurs techniques de défense, que ce soit par l’usage de peaux ou bien d’un glamour. VOLER OUI, MAIS POUR ALLER OÙ ?
On parle effectivement souvent de cette pratique, sans forcément évoquer sa finalité. Tout d’abord, il est important de noter qu’elle n’a pas pour but de fuir la réalité ou bien de vivre des expériences à sensations fortes. Comme pour toutes pratiques de sorcellerie, cela n’a pas à être perçu comme une activité récréative.
Ensuite, je dirais le plus simplement du monde que la pratique de vol à pour but la communion avec les esprits. Les rencontrer, communiquer avec eux, travailler avec eux, célébrer avec eux, former des alliances avec eux. C’est également un moyen d’élargir son champ d’action sorcier. Certes, ce n’est pas l’unique moyen de procéder, mais à mon sens c’est la plus respectueuse envers eux, la plus sensible et la moins anthropocentrée. Je perçois les mondes comme liés, de ce fait, arpenter l’autre monde c’est aussi œuvrer pour plus de conscience et de compréhension du notre. Notamment en ce qui concerne le territoire et les esprits qui l’habitent. Pour vraiment saisir la quintessence de la pratique de vol, il n’y a pas de meilleur compagnon que le Datura metel, sous forme de baume-esprit ou bien d’élixir floral (voir « Hagazussa »).
Je pense également que maintenir des pratiques de vol contribue à maintenir les passages entre les mondes. Les chemins qui ne sont plus arpentés s’effacent rapidement. Voler, c’est continuer à faire vivre la liminalité. Si le sujet vous intéresse, j’en parle dans un post intitulé « là où les mondes ne se rencontrent plus ».
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