Louve des Bois, la Parisette
- Eryn Lyblace
- il y a 3 jours
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La Parisette est arrivée dans ma pratique comme certaines vérités arrivent dans la vie : sans bruit, mais avec une justesse incontestable. Elle n’a pas frappé à la porte, elle s’est tenue là, en bordure de conscience, jusqu’à ce que je la voie. Il n’a pas été question de choix, mais de reconnaissance. Elle ne m’a pas séduite, elle m’a rappelée.
Ce qu’elle m’a transmis avant tout c’est une manière de me situer. Dans ma perception du monde, dans mes liens aux esprits, dans mes engagements subtils. Avec elle, je n’ai pas eu à m’ouvrir davantage, mais à ouvrir autrement. Pas plus fort, mais plus fin. Elle ne m’a pas emmenée ailleurs, elle m’a remise au centre. Et ce centre, je l’ai senti comme une chose calme, sobre, mais inamovible : une sorte de colonne intérieure à partir de laquelle tout le reste pouvait se réorganiser.
La Parisette clarifie. Elle délimite. Elle aide à voir où je suis, ce qui vient de moi, ce qui appartient à l’autre, et ce qui flotte entre les deux. Dans mon lien aux esprits, elle agit comme un centre de gravité : elle me permet de ressentir sans absorber, de percevoir sans me laisser happer. Elle soutient la traversée des seuils avec discernement.
La Parisette m’a appris qu’il n’était pas nécessaire de disparaître pour appartenir, ni de se conformer pour être en lien. Elle m’a montré qu’on peut tenir sa forme sans la rigidifier, habiter sa singularité sans l’opposer à celle des autres. Avec elle, on apprend à ne plus se rapetisser pour être accepté, à ne plus se fondre pour éviter le rejet. Elle enseigne une présence simple, assumée, silencieuse parfois, mais entière, celle de quelqu’un qui n’a rien à prouver, seulement à être.
Il y a d’ailleurs dans cette plante un paradoxe tranquille. Un équilibre rare. La Parisette est douce et toxique, stable et liminale, terrestre et fondamentalement liée à l’invisible.
De ce fait, elle soutient ceux qui se tiennent « entre », ceux qui avancent dans des espaces poreux, où les repères sont flous, où les présences sont multiples. Elle leur offre la capacité de sentir, sans confusion. D’agir, sans dominer. Elle aide à se situer dans la relation, qu’elle soit magique, énergétique ou collective, sans se faire écraser ni écraser les autres.
Mais c’est surtout dans les temps de transition que je mesure sa force. Là où les vieux accords ne tiennent plus, où les liens anciens fatiguent, où l’on sent qu’il faut partir mais qu’on ne sait pas comment. Elle n’est pas celle qui rompt brutalement, mais celle qui libère avec éthique.
La Parisette ne pousse ni à fuir, ni à couper. Elle aide à faire les choses proprement. Elle m’a appris qu’on peut dire non sans renier, qu’on peut clôturer sans effacer, qu’on peut partir sans tourner le dos. Ce qu’elle défait, elle le fait avec soin. Elle a agi comme un point d’équilibre entre la mémoire et le mouvement, entre loyauté et souveraineté.
Dans le fond, la Parisette nous ramène à nous-mêmes, tout en nous reliant au reste. Avec elle, j’ai retrouvé cette sensation de justesse intérieure : je suis exactement là où je dois être. Même si cela ne se voit pas encore. Même si personne ne le comprend. Et c’est assez. Elle est là pour que je me souvienne de mon propre pas.
Si toi aussi…
– tu ressens les présences mais tu ne sais plus ce qui t’appartient,
– tu pratiques la magie ou le spirituel et tu veux rester bien centré,
– tu as besoin de rompre un lien sans violence,
– tu dis « oui » trop souvent par peur de blesser, – tu te sens à côté, invisible, en marge du groupe, – tu veux poser ta place sans t’écraser,
– tu cherches une communauté sans te dissoudre dedans…
…alors la Parisette saura t’accompagner. Sobrement. Précisément. Sans te détourner de toi-même.
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